Le Maroc s’organise en vue de prescrire légalement du cannabis médical à sa population et forme, avec le projet Kif Takwine, son personnel de santé. « Dans trois mois, nous aurons au Maroc la première production de cannabis thérapeutique et, pour cela, il faut une préparation du terrain avec des formations des acteurs de la santé, comme les médecins, les infirmiers ou les pharmaciens », a expliqué le Professeur Redouane Rabii, président de l’AMCUC, l’Agence marocaine consultative d’utilisation du cannabis, à l’occasion de la troisième phase du programme de formation Kif Takwine, début novembre.

Organisées par l’AMCUC, ces formations se déroulent à la Pharmacademy de Bouskoura, en partenariat avec Pharma 5, l’un des trois laboratoires pharmaceutiques ayant obtenu une licence d’exploitation du cannabis au Maroc. « Le cannabis n’est pas une plante que l’on connait. Il faut pourtant tout savoir de ses effets secondaires, ses constituants, ses dosages et surtout les indications validées actuellement par la science », a tenu à préciser Redouane Rabii.

Le programme Kif Takwine destiné à la maîtrise du produit

Pour cela, le programme Kif Takwine a donc proposé de nombreuses thématiques englobant tout le domaine du cannabis médical, avec notamment la venue d’experts israéliens et américains. « C’est une formation organisée en collaboration avec des professeurs et chercheurs en cannabis internationaux. Elle consiste à connaître très bien cette plante médicinale, ses constituants et ses composantes, puisque chaque année on découvre de nouvelles composantes. Mais on va s’intéresser cette année aux composantes déjà validées par des chercheurs depuis 30 ou 40 ans ».

« De la plante à la place thérapeutique » du cannabis, il y a donc tout un champ à explorer et maîtriser pour le système de santé marocain. « Il faut absolument préparer en aval les professionnels de la santé qui vont prescrire ces traitements à base de cannabis médical. D’autres formations seront lancées par la suite aux infirmiers, qui surveilleront ces protocoles et accompagneront ces traitements », décrypte Redouane Rabii. « Maîtriser ce mécanisme, c’est comme un pré-requis. »

S’enrichir de l’expérience internationale

À l’occasion de cette troisième phase du programme Kif Takwine, la collaboration internationale est de mise. Des cours ont été et seront dispensés par des experts et des médecins venus des États-Unis et d’Israël, « deux pays jouissant d’une grande expertise dans le domaine du renforcement de l’industrie médicale sur le cannabis », précise Le Desk. L’idée était donc de saisir « ce qui se fait ailleurs, dans les pays qui ont précédé [le Maroc] et qui ont bien clarifié le fonctionnement et la prescription ».

Ainsi, l’AMCUC a signé des partenariats avec des universités, aussi bien locales qu’internationales, des laboratoires, centres de recherche, et bon nombre d’acteurs du secteur de l’industrie médicale. « De là, on va enchaîner sur les indications validées par les recherches au niveau de ces médicaments, et comment les manipuler parce qu’ils sont très différents des médicaments normaux. Il faut une surveillance pour adapter la posologie à chaque patient dans l’avenir. »

Avoir un « langage commun »

Le programme Kif Takwine doit donc permettre d’emmagasiner des connaissances aussi bien théoriques que pratiques, tout en s’intégrant « dans un langage commun », celui du cannabis médical. Une fois ces bases solides maîtrisées, à l’aide aussi de formations « interactives, pour répondre à toutes les questions et interrogations des personnels de santé », le Maroc saura « très bien, s’il y a des prescriptions pour des pathologies, quelles indications sont validées ».

Il sera alors possible de franchir un palier. Et de préciser, spécialiser, les formations du programme Kif Takwine. « Dans l’avenir, il y aura de plus en plus de formations ponctuelles sur des pathologies précises, décortiquées au profit des personnes intéressées dans ce domaine », conclut le professeur Redouane Rabii. Avec pour but de faire du Maroc un pays d’experts du cannabis médical.

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